Aujourd’hui est la journée qui aurait dû être la plus extraordinaire de ma vie. Au lieu de ça, il s’agit d’une journée affreusement ordinaire. J’ai essayé de ne pas psychoter sur cette journée, de ne pas lui accorder plus de valeur qu’elle n’en a désormais. De ne pas me remuer le couteau dans la plaie à coup de « si ça n’était pas arrivé, en ce moment je serais certainement en train de… » car c’est arrivé. Il ne sert à rien de réécrire cette histoire. Désormais nous devons continuer l’histoire de notre famille, avec notre petit bébé pour la vie qui en fait et en fera partie pour toujours.
Malgré tout, j’ai un pincement depuis ce matin. Un pincement qui me tort le cœur : je devrais t’avoir dans mes bras mon bébé. Que les dates sont cruelles à nous rappeler sans cesse ce qui nous a atteints!
Et qu’elles sont ironiques avec leurs concordances. Je sais depuis quelques jours que Gabriel ne sera pas notre seul bébé pour la vie. D’après les calculs des sites spécialisés, si tout se passait bien, cette nouvelle naissance tomberait le jour de la naissance de Gabriel ! Heureusement il y a peu de chances pour que cette date soit finalement la date, mais il y a 365 jours dans l’année, pas ce jour là, qu’il reste celui de Gabriel !
Il est bien trop tôt pour se laisser aller à quoi que ce soit. J’essaie de ne pas vraiment réaliser ce qui nous arrive car la route est encore très longue. J’avoue que pour l’instant, je reste très distante avec ce qui nous arrive, mais je tenais à vous le dire car de toute façon, si les choses ne se passent pas bien, j’aurai besoin de vous. Et puis, j’aurais l’impression de vous tromper si je le taisais. Je pense que, ce que je ressens, ce que j’écris est forcément empreint de cette situation. Donc aucune effusion de joie, aucune félicitation ne sont appropriées pour l’instant, nous sommes malheureusement bien placé(e)s pour savoir que rien n’est fait.
Donc aujourd’hui est une journée difficile malgré tout. Je pense à toi mon Gabriel. Je pense que tu me plaisais bien à mettre un raffut pas possible dans mon ventre, à ta force pour avoir eu un cœur encore battant alors que tu es né si jeune lors d’un accouchement n’a pas dû être facile à supporter pour toi qui es né par le siège. Au fait que tu aies réussi à me rendre si fière et toi malgré la honte que j’avais de moi, de te faire ça ! Au fait que tu m'avais donné envie te connaitre. Au fait, qu’en tout cas, tu m’accompagnes partout, tout le temps depuis 9 mois aujourd’hui. Car oui, tu es toujours là, près de moi, de plus en plus légèrement, ce qui m’apaise un peu. Je te garde jalousement du coup, je te partage avec ton papa mais je sais que tu es à nous rien qu’à nous que tu nous lies. Car la situation fait que nous savons que ça ne changera jamais : ton histoire est déjà écrite. Plus rien ne peut t’arriver et bizarrement ça me rassure quelque part.
Ce que j’écris est peut être un peu confus. Mais dans ce cas, je crois que ça traduit bien mon état d’esprit du jour.

EGA