Bonjour,
Le sujet de la discussion n'est pas d'un franc optimisme mais il révèle bien ce qui est dans mon coeur. Je me sens comme un bloc de béton en ce moment avec très peu d'émotion, le seul besoin que j'ai, c'est être avec mon homme, le reste autour m'indiffère beaucoup même si je reste très présente - sorties, copines etc - il existe une contradiction époustouflante entre ce que je vis dedans et ce que je suis dehors. Il n'y a que ma meilleure amie que je vois peu, à qui je parle peu, il n'y a finalement qu'à elle que je ne mens pas...
J'ai repris le boulot à peine deux mois après le décès de Suzie, par nécessité, aussi parce qu'on me l'a proposé. Maintenant, j'ai quelques semaines de "vide" devant moi, avec énormément de choses à faire (je me créé de l'activité comme une grande). J'ai des coups de fatigue gigantesques. Je suis hyperactive. Je suis tout et son contraire. Comme une maman sans son enfant.
Le monde extérieur me met dans des états de nerfs pas possible, je ne supporte pas la foule, il me prend souvent même de haïr les gens. N'importe qui.
Je me sens harcelée par une ironie : l'installation imminente de ces voisins avec un nouveau-né (ma chance c'est que les travaux dans leur maison n'en finissent pas de finir...), une autre voisine enceinte, pas loin d'accoucher; c'est une mission impossible de tenter de faire le deuil de son enfant, et voilà que je vois, j'entends la vie autour de moi, la vie qui s'est dérobée pour Suzie, la vie qui nous a ôté la vie.
Je ne m'aime pas beaucoup non plus... Les autres mamans sont enceinte puis elles portent leur enfant dans leurs bras, et bien pas moi, je me sens une mère incapable.
Bref, ça ne va pas sereinement dans ma tête.
J'ai encore du mal à accepter la mort de Suzie. ça me cogne dedans comme quelque chose de trop gros à avaler, ça ne passe pas.
J'espère que poser ces quelques mots ici me feront avancer.
Mon homme est un soutien merveilleux, je le remercie.
Carole